Résumé
En mettant en relation la thymie et l'enthymème, on se propose de replacer la question de la sensibilisation émotionnelle au cœur de la rhétorique générale. Elle y est tantôt assumée comme principe opératoire (Aristote), tantôt exaltée comme finalité (Pseudo-Longin), tantôt soupçonnée comme menace sur la conduite raisonnée des arguments (Perelman). l'instabilité du statut de l'émotion dans l'histoire de la rhétorique est rapprochée de sa phénoménalité même, à travers les propositions de G. Simondon sur la composante affectivo-émotive dans l'individuation. l'appropriation sémiotique du concept de thymie invite plus spécifiquement, sous cet éclairage, à réarticuler le raisonnement propre à la rhétorique comme « enthymie ». On dégage ensuite les éléments thymiques au sein de l'enthymème (phénomènes de suspension, de bifurcation, de provocation), avant de présenter une saisie de l'émotion, à partir de la théorie des instances de discours, comme une condensation des instances.
About the author
Denis Bertrand (né en 1949). Ses intérêts principaux sont la sémiotique générale et sémiotique littéraire, les relations entre sémiotique et rhétorique générale, l'esthétique, et l'analyse du discours social. Ses publications récentes comprennent Parler pour convaincre. Rhétorique et discours (1999) ; Précis de sémiotique littéraire (2000) ; Montaigne, « De l'Expérience ». Lecture (2001) ; Régimes sémiotiques de la temporalité. La flèche brisée du temps (co-dirigé avec J. Fontanille, 2006) ; et La transversalité du sens. Parcours sémiotiques (co-dirigé avec M. Costantini et al., 2007).
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