Abstract
Par Rhétoromania nous entendons, selon la définition de Theodor Gartner de 1883, les aires d’extension du romanche, du ladin dolomitique et du frioulan. Définie ainsi, elle dépasse de loin le territoire jadis habité par les Rhètes et ne correspond qu’en partie à la province romaine de Rhétie créée sous l’empereur Tibère. En raison de leur proximité géographique et linguistique, il nous semble cependant légitime de réunir le romanche des Grisons, le ladin dolomitique et le frioulan sous l’appellation de Rhétoromania. Le romanche est l’une des trois langues officielles du canton des Grisons. Le centre de l’aire ladine dolomitique est constitué par quatre vallées rayonnant autour du massif du Sella. Le frioulan est quant à lui parlé dans la région autonome de Frioul-Vénétie où il jouit du statut de langue officielle régionale à côté de l’italien. L’aire italoromane ou Italoromania englobe les aires linguistiques de l’italien, du sarde et du corse. L’italien n’est pas seulement la langue officielle de l’Italie, il est également langue officielle dans le canton suisse du Tessin, et langue coofficielle dans celui des Grisons. Le sarde et le corse sont reconnus comme langues régionales, sans pour autant avoir un statut officiel. Tandis que le sarde est considéré comme une langue par distance par rapport à l’italien, le corse est considéré comme langue par élaboration. La Rhétoromania et l’Italoromania seront présentées ensemble dans cet article étant donné qu’elles présentent des zones de recoupement et de transition : il n’y a pas que les quatre vallées du sud des Grisons, à savoir Mesocco, Calanca, Bregaglia et Poschiavo qui soient italophones ; le romanche parlé dans les Grisons présente de nombreuses similitudes avec les dialectes italiens voisins. Les aires de diffusion du ladin dolomitique et du frioulan sont entièrement situées en territoire italien et ont l’italien pour langue-toit. Nous ne traiterons pas dans ce qui suit ni l’italien parlé sur Malte, ni les îlots italophones en Argentine, au Brésil et aux États-Unis, pas plus que nous n’aborderons les langues des immigrés maghrébins, albanais, roumains, d’Asie du Sud-Est ou d’Amérique du Sud qui se sont installés sur le territoire italien, essentiellement dans les agglomérations, plus ou moins récemment (cf. l’étude détaillée de Gerald Bernhard 2008).